Prêteur en dernier ressort

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Coffres d'une banque Getty Images / saoirse_2010

Il existe aujourd'hui divers pare-feux permettant d'endiguer le risque de faillite bancaire en chaîne. Parmi eux, on compte le prêteur en dernier ressort.

Prêteur en dernier ressort : définition

Les établissements bancaires, au delà de la gestion de comptes, interviennent de manière forte sur le marché financier par leur activité de crédit.

Leurs assises monétaires sont toutefois limitées et la survenance d'un risque systémique (risque de faillite bancaire en cascade) les rend vulnérables.

Lorsque l'opération de refinancement sur le marché s'avère impossible ou très limitée, les établissements bancaires peuvent se refinancer auprès de la banque centrale dont ils dépendent. Celle-ci est alors désignée comme prêteur en dernier ressort.

La banque centrale est vue comme la « banque des banques » et joue ainsi un rôle de régulateur sur les marchés. Elle procède à l'injection de liquidités sur le marché financier afin d'éviter son effondrement. Elle jugule également les risques inhérents à l'activité bancaire et financière, afin d'éviter la contagion de la crise à l'économie réelle, avec toutes les conséquences prévisibles.

Prêteur en dernier ressort et risque systémique 

Le prêteur en dernier ressort intervient dès lors que le marché est susceptible de s'effondrer en raison d'une carence de liquidités :

  • Dans un contexte économique difficile, les établissements financiers ont tendance à procéder au gel de leurs avoirs et actifs. L'octroi de crédits est alors bloqué, là où auparavant les banques procédaient à des prêts entre elles. 
  • Une défiance s'installe. Elle engendre le risque d'effondrement. 
  • Une faillite bancaire en cascade peut ainsi intervenir, tant du fait de problèmes financiers concrets que de celui du blocage du marché pour des raisons morales.

C'est pourquoi, avant d'en arriver à la cessation des paiements, l'établissement financier en difficulté peut obtenir, auprès de sa banque centrale référente, un prêt à titre exceptionnel et à court terme.

Les actions du prêteur en dernier ressort diffèrent selon les pays d'intervention.

Aux États-Unis, la Fed

La banque centrale Américaine est la Fed (abréviation pour Federal reserve system). Elle joue le rôle de prêteur en dernier ressort.

Ce rôle a été marqué sur les précédentes décennies par ce qu'on appelle « l'assurance Greenspan ». Il s'agit du nom donné à l'intervention de la banque centrale américaine aux États-Unis (du nom de son gouverneur, M. Greenspan, de 1987 à 2006).

Cette intervention a lieu lorsque le système va au-delà des possibilités de seul refinancement des banques, ce qui peut concerner des pans entiers du système financier.

En Europe, la BCE

La BCE (banque centrale européenne) est intervenue à de nombreuses reprises ces dernières décennies, tant suite aux attentats du 11 septembre 2001 qu'en 2007-2008, du fait de la crise financière mondiale (phénomène des subprimes).

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Ces dernières années, les observateurs économiques relèvent une attitude ambivalente de la part de la BCE, hésitant entre freinage et accélération de ses interventions.

L'organisme joue toutefois un rôle très important de garant financier au profit des systèmes bancaires des pays de l'Union Européenne. Elle est intervenue à cet égard lors des crises financières espagnole, italienne et grecque. 

Critiques faites au prêteur en dernier ressort 

L'institution fait l'objet de nombreuses critiques, en raison du risque de dé-responsabilisation des acteurs sur le marché financier qui naîtrait de l'augmentation des possibilités de refinancement.

Le prêteur en dernier ressort favoriserait donc les comportements bancaires et financiers à risques, du fait d'un phénomène de déconnexion accrue des marchés à l'économie réelle.

On résume ces critiques sous la théorie de « l'aléa moral ».

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